Decentrer le
champ des
etudes noires

En 1963, un premier cours en études noires intitulé « Negro History » est mis en place au Merriet Junior College à Oakland, en Californie et, peu après, nait un premier programme d’études noires au San Francisco State College. Ce programme précédera de quelques années un premier département d’études noires dans la même institution, qui sera peu après imité d’abord à l’Université de Californie à Santa Barbara, puis dans près de 500 unités académiques qui seront propulsées entre 1968 et 1975.

La décennie des années 1980 sera ensuite celle d’une négociation de la place des études noires dans des institutions qui ne leur sont pas nécessairement accueillantes, et le tournant des années 2000 sera celui d’une solidification de la posture théorique, institutionnelle et politique des études noires désormais bien implantées. C’est finalement surtout durant la décennie 2010 que de tels programmes verront plus largement le jour à l’extérieur des États-Unis. Au Royaume-Uni, il faudra par exemple attendre 2017 avant la création d’un diplôme de premier cycle en études noires. Au Canada, c’est en 2016 qu’un premier programme en études noires sera mis sur pied à l’Université Dalhousie, soit sept ans après la création de la Black Canadian Studies Association, et tout juste avant que de tels espaces se multiplient ailleurs au pays. Si ces programmes et unités universitaires ont tardé dans plusieurs contextes, dont le Canada, alors que des appels à leurs mises sur pied se font entendre depuis les années 1960, les dernières années ont ainsi été celles de leur essor.

En revanche, dans les espaces francophones, davantage que dans les espaces lusophones ou encore hispanophones, ces programmes et espaces institutionnels n’existent pas malgré une vitalité de la recherche, et les discussions en ce sens sont encore très peu audibles dans les universités. Qu’est-ce qui explique cette différence et ce décalage? Le colloque propose d’explorer (1) les formations épistémologiques à travers les différents lieux et espaces linguistiques de la diaspora noire, (2) les parcours institutionnels et politiques des savoirs et méthodologies noirs dans les universités et (3) les impacts politiques, sociaux et culturels de même que les défis de la présence ou de l’absence d’études noires.