Decentrer le
champ des
etudes noires
Diahara Traoré
Diahara Traoré est professeure à l’École de travail social de l’Université de Montréal. Ses intérêts de recherche se concentrent sur l’intervention de groupe à visée émancipatrice, les épistémologies non-occidentales en travail social, le travail de groupe au sein des communautés noires, ainsi que la place de la religion et de la spiritualité dans le travail social. Ses travaux portent sur les cosmologies, croyances et pratiques au sein des communautés africaines au Québec, sur les savoirs genrés au sein de ces communautés, et leurs implications pour la formation et la recherche en travail social. Socio-anthropologue, elle accorde une place importante aux récits et à l’oralité. Son objectif est de développer des pratiques et des connaissances qui favorisent l’émancipation et l’inclusion des groupes marginalisés, en valorisant des perspectives critiques.
Catherine Larochelle
Catherine Larochelle est professeure au département d’histoire de l’Université de Montréal depuis 2018. Elle est l’autrice des livres Marie-Louise et les petits Chinois d’Afrique (Mémoire d’encrier, 2024), School of racism. A Canadian History – 1815-1930 (University of Manitoba Press, 2023) et L’école du racisme. La construction de l’altérité à l’école québécoise (1830-1915) (Presses de l’Université de Montréal, 2021). Membre du Centre d’histoire des régulations sociales, éditrice de la revue Histoire Engagée (www.histoireengagee.ca) et administratrice de la Fondation des archives et du patrimoine religieux du Grand Montréal, ses recherches actuelles portent sur l’histoire de l’Œuvre de la Sainte-Enfance au Canada. Elle affectionne la théorie et s’intéresse aux manières d’écrire et de transmettre l’histoire du Québec pour qu’elle soit porteuse au 21e siècle.
Philippe Néméh-Nombré
Philippe Néméh-Nombré est professeur adjoint à l’École d’innovation sociale Élisabeth-Bruyère de l’Université Saint-Paul. Ses recherches portent sur les pensées politiques, les cultures, les poétiques et les écologies noires, sur les possibilités de relations entre les perspectives libératrices noires et autochtones ainsi que sur les méthodologies critiques. Il est notamment l’auteur d’Improviser le reste : Études noires, risques poétiques, relationalité décoloniale (2024, Presses de l’Université de Montréal) et de Seize temps noirs pour apprendre à dire kuei (2022, Mémoire d’encrier)
Jacques Renaud Stinfil
Jacques Renaud Stinfil est doctorant en philosophie à l’Université de Montréal. Ses recherches actuelles portent sur les survivances coloniales encadrant les relations d’Haïti et de la République dominicaine, ainsi que sur les injustices épistémiques du colonialisme. Par ailleurs, il cherche à développer une perspective décoloniale d’inspiration caribéenne, notamment à partir des œuvres de Frantz Fanon et d’Édouard Glissant. S’intéressant aux modes (violents) d’inscription des idées dans le réel, Jacques Renaud Stinfil réfléchit également sur ce qui lui semble être des disponibilités coloniales du monde.
Caroline Keisha Foray
Caroline Keisha Foray est doctorante en travail social à l’Université de Montréal, où elle explore les intersections entre les mouvements sociaux et les arts. Détentrice d’un diplôme en psychopédagogie ainsi qu’en arts du spectacle et en gestion culturelle, elle fusionne ses diverses compétences pour explorer les enjeux sociaux à travers le prisme artistique. Ses recherches actuelles se concentrent sur l’artivisme au sein des communautés noires canadiennes, une thématique qui met en lumière les liens entre les arts et le travail social, en démontrant comment les pratiques artistiques peuvent non seulement exprimer des identités complexes, mais aussi catalyser des mouvements sociaux et des changements communautaires. À travers sa recherche, elle aspire à établir des ponts entre la théorie critique, l’engagement social et l’expression artistique, contribuant ainsi à une meilleure compréhension des dynamiques culturelles et sociales contemporaines.
Ariane Marcheterre-Pina
Ariane Marcheterre-Pina est étudiante à la maîtrise en histoire à l’Université de Montréal. Ses intérêts se penchent entre autres sur les formations des communautés noires dans l’actuel Ontario. Elle s’intéresse particulièrement à la pluralité des approches et des institutions ayant supporté l’éducation des Noir.es dans le Canada-Ouest. Elle travaille présentement sur l’engagement et les pratiques du travail d’éducatrice des femmes noires dans les écoles séparées pour personnes noires au Canada-Ouest du 19e siècle. Ariane s’intéresse activement aux questions et aux défis méthodologiques que soulèvent les recherches qui s’appuient sur des corpus de sources fragmentaires, ayant joué un rôle dans les lacunes historiques au sujet des Afro-Canadien.nes.
En 1963, un premier cours en études noires intitulé « Negro History » est mis en place au Merriet Junior College à Oakland, en Californie et, peu après, nait un premier programme d’études noires au San Francisco State College. Ce programme précédera de quelques années un premier département d’études noires dans la même institution, qui sera peu après imité d’abord à l’Université de Californie à Santa Barbara, puis dans près de 500 unités académiques qui seront propulsées entre 1968 et 1975.
La décennie des années 1980 sera ensuite celle d’une négociation de la place des études noires dans des institutions qui ne leur sont pas nécessairement accueillantes, et le tournant des années 2000 sera celui d’une solidification de la posture théorique, institutionnelle et politique des études noires désormais bien implantées. C’est finalement surtout durant la décennie 2010 que de tels programmes verront plus largement le jour à l’extérieur des États-Unis. Au Royaume-Uni, il faudra par exemple attendre 2017 avant la création d’un diplôme de premier cycle en études noires. Au Canada, c’est en 2016 qu’un premier programme en études noires sera mis sur pied à l’Université Dalhousie, soit sept ans après la création de la Black Canadian Studies Association, et tout juste avant que de tels espaces se multiplient ailleurs au pays. Si ces programmes et unités universitaires ont tardé dans plusieurs contextes, dont le Canada, alors que des appels à leurs mises sur pied se font entendre depuis les années 1960, les dernières années ont ainsi été celles de leur essor.
En revanche, dans les espaces francophones, davantage que dans les espaces lusophones ou encore hispanophones, ces programmes et espaces institutionnels n’existent pas malgré une vitalité de la recherche, et les discussions en ce sens sont encore très peu audibles dans les universités. Qu’est-ce qui explique cette différence et ce décalage? Le colloque propose d’explorer (1) les formations épistémologiques à travers les différents lieux et espaces linguistiques de la diaspora noire, (2) les parcours institutionnels et politiques des savoirs et méthodologies noirs dans les universités et (3) les impacts politiques, sociaux et culturels de même que les défis de la présence ou de l’absence d’études noires.
Nous tenons à remercier nos partenaires pour leur précieux soutien dans l’organisation du colloque.
Site par Quentin Castellano